mercredi 6 juillet 2016

La bande à Bonnot



Festival d'Avignon 2016 Théâtre des Lucioles 20h45


Texte Alain Guyard
Mise en scène Emmanuel Besnault
Collaboration artistique et lumières Cyril Manetta
Interprètes Flavie Avargues, Jean-Marc Catella, Jacques Dau, Guillaume Lançon, Sylvain Seguin
Costumes Sarah Colas
Assistante mise en scène Denyz Türkmen

Topo, photos et teaser, c'est ici : http://www.monsieur-max.fr/portfolio/la-bande-a-bonnot/


La Provence / 23 juillet 2016
L'histoire des anarchistes d'une époque à voir jusqu'au 30 juillet au Théâtre des Lucioles
En 1911, en réponse à l’exploitation et la misère du peuple, résultats des excès de l’industrialisation, certains anarchistes choisissent la lutte armée. La bande à Bonnot est de ceux-là, et suscite la peur et la haine par ses attaques se soldant toujours par des meurtres.
Alain Guyard a choisi de raconter cette "tragédie populaire", refusant que les tragédies soient l’apanage des princes et des dieux. Tout se passe dans l’atelier de Victor Serge, pendant les jours où il a hébergé des membres de la bande. On assiste à la dérive de ces hommes, qui étaient partis pour protéger le peuple mais finissent par tuer sans discernement ; qui étaient contre le capitalisme mais gardaient ce qu’ils volaient ; qui n’étaient pas solidaires, mais étrangers entre eux, chacun perdu dans ses problèmes, ses délires.
Jusqu’où peut-on aller pour défendre ses idées ? La dérive est-elle inéluctable ? Ces questions et quelques autres sont celles que nous proposent ce spectacle prenant, porté par 5 formidables comédiens.
Notre avis : On aime.
M.C.B

Le Bruit du Off / 17 juillet 2016

La Bande à Bonnot ! Le titre de la pièce renvoie inconsciemment à une multitude de clichés populaires, allant du pittoresque au terrorisme le plus violent en passant par l’engagement politique, l’idéologie anarchiste, le crime…
Au-delà de l’Histoire, l’imagination populaire en a fait tour à tour le symbole de l’horreur et du crime ou celui du mouvement anarchiste de ce début de vingtième siècle à la recherche d’un idéal.
Le texte d’Alain Guyard est loin de tous ces poncifs, loin des faits historiques ou des actes criminels qui sont tout juste évoqués. Ce sont les hommes qui comptent, leurs blessures, leurs tourments, leurs contradictions, leurs rêves d’Absolu.
Car cette Bande n’est pas si soudée que ça. C’est la rencontre hasardeuse, autour d’une utopie fascinante, d’hommes mus par des motivations complexes et différentes.
Jules Bonnot, interprété avec nuances par Jean-Marc Catella, apparaît comme un homme tourmenté, malheureux dans la vie, chef de bande malgré lui et pris dans une spirale de violence autodestructrice. L’engagement politique et l’idéal libertaire paraissent passer au second plan.
Les autres membres de la « bande » croient tous en un monde meilleur mais leurs moyens et les voies pour y parvenir sont différents. L’un, dit « Raymond le Science », interprété par Sylvain Seguin, aborde l’anarchie par la littérature, les mots et les idées. L’autre, Octave Garnier, interprété par un Guillaume Lanson inquiétant et fanatique, croit en un idéal généreux qui ne se gagnera que par la violence.
En marge de la bande, Jacques Dau interprète un journaliste anarchiste, défenseur de la liberté, solidaire par les idées mais qui désapprouve les méthodes.
Sa compagne, interprétée par Flavie Avargues, est une figure de proue du mouvement anarchiste, féministe avant l’heure. Elle sera la seule à écrire ses mémoires « Souvenirs d’Anarchie » et à survivre jusqu’en juin 1968 pour assister avec étonnement, sans doute avec un brin de nostalgie, au fait que le grand amphi de la Sorbonne soit rebaptisé « Jules Bonnot » en mai.
La mise en scène est efficace et les acteurs convaincants. Le décor laisse transparaître le monde extérieur mais enferme les personnages dans un huis-clos étouffant face à leurs contradictions, dans des dialogues intimistes ou violents.
Cette pièce résonne étrangement avec les évènements actuels. Quelles sont les motivations de ces crimes aveugles ? Idéologie politique ou religieuse ? Croyance en un monde meilleur ? Mal-être et besoin irrépressible d’autodestruction ? La porte reste ouverte…
J.L.B.

L'Art-vues / 13 juillet 2016

Tandis que l’auteur du texte, Alain Guyard, se prélasse tous les jours dans les méandres de sa
« philosophie foraine » un verre de rouge à la main (théâtre Arto à 11h20), Bonnot et sa bande sont au turbin, faisant trembler à grands coups de pistolet le bourgeois de la belle époque. Celle où un capitalisme naissant « boit le sang des ouvriers » selon la formule anarchiste consacrée. On n’est pas en présence d’une énième version des Brigades du Tigre mais en plein processus d’individuation de l’anarchisme. Qui est Bonnot, qui sont ses compagnons, quels sont les ressorts véritables de leur révolte ? Une voie originale de réflexion sur l’anarchisme des débuts, menée en De-Dion Bouton sur les chapeaux de roues par une bande de comédiens surchauffés et dévoués à la cause, complices d’une mise en scène nerveuse et efficace signée Emmanuel Besnault . On y retrouve Jacques Dau et Jean-Marc Catella, en cavale de Sacco et Vanzetti, leur précédent spectacle, mais aussi les excellents Guillaume Lanson, Flavie Avargues, remarquable, et Sylvain Seguin, très crédibles dans la peau de personnages aussi attachants que complexes.
Luis Armengol
La Théâtrothèque.com / 12 juillet 2016

La Bande à Bonnot ? L’expression claque comme un coup de pistolet tiré d’un tacot de la belle époque. Un nom entré dans la mémoire collective, la culture populaire, tel un héros, un guignol échappant toujours au gendarme. Et pourtant ! Cette pièce le révèle au contraire comme un homme déchiré par la fuite de sa femme et la perte de son enfant, aux valeurs anarchistes flageolantes, plein de colère. Un homme qui parcourt à tombeaux ouverts sa descente aux enfers. Et qui parsème son chemin de morts violentes, de morts douteuses, de veuves et d'orphelins. Ceux qui l'approchent ou le suivent n'en sortiront pas indemnes.
Autour de Jules, gravitent Octave Garnier et Raymond Callemin (dit la science), le noyau dur de la bande. Mais aussi Victor Serge, directeur du journal L'Anarchie et Rirette Maîtrejean, sa maîtresse qui serviront de caution intellectuelle à Jules dans le milieu anarchiste, qui le cacheront aussi au cours de sa cavale, de sa première attaque automobile de la société générale jusqu'à l'assaut final à Choisy-le-Roi.
Des dialogues secs, serrés entre les différents protagonistes, des monologues divinatoires et historiques creusent, coup de scalpel après coup de scalpel, jusqu'à les mettre à nu les fêlures de Jules. Et c'est une tragédie qui se joue alors sur scène.
Les comédiens, tour à tour fragiles lorsque plaies et douleurs humaines affleurent, marmoréens lorsqu'ils endossent les habits de figures tragiques éternelles, sont excellents. La scène vibre de leurs éclats.
La mise en scène, au décor minimal d'une façade vitrée orientable qui ponctue chaque épisode de cette aventure, à la lumière crue qui met à nu les corps, accentue encore ce destin implacable avec une programmation musicale bluesy et gothique, lourde et moite de désespoir. Tout concourt à faire de ce spectacle une tragédie intemporelle à ne pas rater.
Geneviève Brissot













La Revanche


Texte Michele Santeramo Prix Hystrio 2014
Mise en scène Antonella Amirante
Interprètes Flavie Avargues, Aymeric Lecerf, Federica Martucci,
Mickael Pinelli et Thomas Poulard
Création vidéo-son Nicolas Maisse
Création lumière Julien Dubuc
Régisseur lumière Sébastien Marc
Scénographie et costume Elsa Belenguier

Pour le topo, photos, teaser, c'est ici :  http://www.cie-anteprima.com/la-revanche---2015.html